Myriam Schreiber, artiste multicartes
Portrait
Myriam Schreiber partage son temps entre Paris où elle travaille pour Lacroix, et son atelier à Libourne
Artiste multicartes
"Je ne sais rien faire d'autre que de travailler avec mes mains. Sinon, je serais malheureuse", lance Myriam Schreiber, un sourire au coin des lèvres. Elle mène deux vies de front: à Paris, elle est modéliste chez un grand couturier, Christian Lacroix.
"Le travail de modéliste consiste à interpréter le dessin en tenant compte de certaines contraintes techniques, financières ou autres", explique-t-elle. C'est pour elle un vrai moyen de s'exprimer.
Mais à Libourne, elle a son propre espace où elle peut créer ses propres oeuvres. "C'est un endroit consacré exclusivement à mes créations", explique t-elle.
C'est par hasard qu'elle a découvert ces deux activités qui, aujourd'hui, lui prennent tout son temps. Avant d'être modéliste, elle a créé une ligne de bijoux qui lui a ouvert les portes du monde de la mode. Elle s'est alors prise de passion pour la couture et a intégré, dès 1988, une école de stylisme et de modélisme.
Elle a fait de l'intérim, puis a eu l'opportunité d'être embauchée chez Christian Lacroix. Douée depuis toujours pour le dessin, elle s'essaie aussi à la sculpture grace aux conseils d'une connaissance.
Désormais elle manipule tous les matériaux mais avec une attirance plus particulière pour la terre, un élément naturel. "Je pense que c'est lié à mes souvenirs d'enfance. Je me rappelle que j'égrenais souvent la terre avec mes doigts".
Autodidacte. Myriam Schreiber est une instinctive. Elle s'imprègne de ce qu'elle voit, puis s'attaque à la phase de création proprement dite. Son travail est d'inspiration expressionniste-impressionniste.
Mais il n'est pas gouverné que par le hasard. Elle aime tester de nouveaux matériaux. "Souvent, je fouine dans les grandes surfaces spécialisées. Juste pour voir..."reconnaît- t-elle bien volontiers.
Malgré ce grand esprit de liberté, elle est consciente qu'un artiste doit beaucoup travailler pour progresser. Elle suit donc des cours du soir pour évoluer plus vite et découvrir de nouvelles techniques.
Aujourd'hui, elle rencontre une difficulté, "j'aimerai croquer des paysages, mais je n'en suis pas encore capable. J'éprouve des difficultés à me repérer. Mais ça m'attire".
L'artiste ne se sépare jamais de ses petits carnets qu'elle glisse dans son sac à main. "Il m'arrive même de dessiner dans le métro!"
Elle possède aussi des "cahiers à idées" qu'elle conserve précieusement, quitte à démarrer un projet quelques années plus tard.
Etre mordu(e). Pas de doute pour Myriam, ses métiers nécessitent d'être passionné(e), car ils lui prennent beaucoup d'énergie. En tant que modéliste, elle se doit d'être disponible pour une équipe, très ouverte d'esprit, extrêmement précise et méticuleuse. Surtout, elle doit résister à la pression. Les échéances par rapport au début des défilés peuvent créer une surdose de stress. Ce métier lui a appris l'art de l'humilité : "Je me remets souvent en question, mais ça me stimule".
Dans son atelier libournais, elle relâche avec plaisir la pression, mais la passion est toujours là, très vivace : "J'ai un sentiment plus grand de liberté." Très curieuse et avide de nouveautés, elle n'est jamais en panne d'inspiration. Pourtant, elle reste une éternelle
insatisfaite. "J'ai toujours le sentiment que j'aurai pu mieux faire".
Pour mieux découvrir l'univers de Myriam Schreiber, visitez son site.
On peut également visiter son atelier sur rendez vous.
Photo SDS (l'artiste dans son atelier libournais, présente une sculpture dont elle est très fière : "Les Romantiques", son premier bronze)